Défi 1 plan de Django par jour pendant 30 jours, JOUR 6 !
Aujourd’hui je te préviens on va encore s’estomaquer mais en même temps c’était à prévoir. C’est pas une série sur Joe le rigolo mais sur Django Reinhardt et à la fin de l’article, t’aurais plus de mot pour qualifier cet homme à part peut-être héro ou super héros? Avant de commencer je voudrais te demander comment ça va ? Prend le temps de répondre à cette question. Tu pourrais me dire « ça va je suis content de regarder ta petite série sur Django, ça me met en joie » ou ça va moyen parce que çi ou ça. Essaye de te mettre une note de 0 à 100. Est-ce que ça va à 50%, 70% , 20%? C’est important de conscientiser ça car on joue de la guitare avec notre corps qui lui même est relié à 100% avec notre esprit. Dans cet article on va parler du mental, du corps et de la discipline autour du Lick #6 de Django que j’appelerai le Lick du Phoenix.
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ANOMALIE PHYSIQUE
Je ne compte plus les élèves qui m’ont dit « j’ai de trop gros doigts, de trop petits doigts, je suis trop raide, trop ceci, trop cela ». Et moi j’ai pas été épargné je me suis aussi donné plein d’excuses. A un moment donné quand ça ne marche pas, si tu ne veux pas perdre la face tu te dis que ça ne vient pas de toi…Perso quand le carafon commence à s’enflammer j’ai mes petites techniques de recentrage. Quand ça ne marche pas j’oserais dire que dans 100% des cas c’est parce qu’on utilise mal la machine et il faut repartir sur une base saine. Perso je pratique la méditation. Ça consiste simplement à s’assoir et à observer. Tu commences par observer le souffle. Comment ça respire, fort, pas fort ? Vite, pas vite? Les sensations dans le corps et le lien avec les pensées. Comment le souffle et les sensations corporelles évoluent en lien avec les pensées et toute la biochimie qui s’en suit. Sensations de chaleur etc…Et à un moment donné tu te dis mon dieu, je vis en étant complètement inconscient de l’exceptionnalité de tout ça. Tu passes de ma machine semble mal fonctionner à j’ai pas les mots pour décrire cette merveille de technologie. Et c’est clairement pas dans le tumulte que tu peux prendre conscience de ça.
PRENDRE LE TEMPS DE SE RETROUVER
Quand tu restes calme un certain temps et que tu n’es plus parasité par des tonnes de choses, en particulier ton blabla mental incessant. tu peux juste apprécier de bouger légèrement une seule partie de ton corps. Perso, le fait de pouvoir quasiment bouger n’importe quoi juste par la pensée je trouve ça complètement barjo. A un moment donné il faut retrouver de la décence et rendre à César ce qui appartient à César ! C’est un truc de fou ! C’est quoi cette histoire, comment c’est possible un truc pareil, est)ce que je peux encore vraiment oser dire et penser que j’ai un soucis ? Il faut se réapproprier son corps, comme un bébé, se redécouvrir et à ce moment la, tout redeviens merveilleux. Bouger les mains, les bras, la tête, les pieds, observer l’harmonie des mouvements, la réponse corps esprit, l’instantanéité de la pensée geste. C’est une expérience indescriptible. Alors tu peux pas parler de ça à n’importe quoi parce que les gens ils te prennent pour un demeuré. Il s se disent « mais il est con lui ou quoi, il dé »couvre qu’il peut faire bouger ses mains avec la pensée. La belle affaire moi j’ai des factures à payer demain il fait pas beau et lui il découvre la vie. » Et pourtant moi je te dis qu’avoir de la reconnaissance pour cette chose de base de tout ce que tu vas créer dans ta vie ça permet de ressentir de la gratitude et être dans de bonne disposition pour jouer. C’est pas du tout secondaire, c’est magique. Tu peux faire l’expérience du toucher ensuite sur ta guitare, l’expérience du son etc…Bref c’est la vie qui commence.
DJANGO ET SON HANDICAP
Et justement Django, il a fallu qu’il se réapproprie son corps. Le mec il s’est quand même complètement cramé la main. T’as vu les photos c’est pas rien. Moi ça m’est arrivé plusieurs fois, de me mettre une écharde dans le doigt ou de me couper un peu en faisant la cuisine. Quand t’es musicien pro, t’es comme un con, c’est parfois une ou deux semaine d’arrêt. Mais on est des petits joueurs comparés à Django, des enfants gâtés. A 18 ans se brûle du genou jusqu’au flan et 3ème degré sur la main gauche. Le chirurgien voulait carrément lui amputer la jambe à cause des risques de gangrène. heureusement il a refusé. Il a passé 18 mois à l’hôpital, sa main ne cicatrisait pas et sa femme le quitte ne voyant en lui qu’un futur mendiant.
NOS MEILLEURS ALLIÉS: LA PUGNACITÉ ET LA DISCIPLINE
Django a du se réinventer complètement, faire une rééducation terriblement douloureuse et à un moment donné quand tu n’as plus le choix tu trouves des solutions. Et il avait sans doute aussi un optimisme hors norme. La pugnacité et la discipline en tant que musicien c’est clairement ce qui fait la différence sur le long terme. Django était bien plus handicapé que nous tous et il nous a tous mis à l’amende. En faisant cet article je suis tombé sur le mémoire d’une kinésithérapeute sur la main gauche de Django, il faut que tu le lises ! Il est ici 😉
Elle a étudié les lésions de la main gauche de Django Reinhardt et cherché à comprendre les mécanismes compensatoires qu’il a développé dans sa pratique de la guitare.
Donc les gars ce qui vous fera bien jouer c’est votre caractère de battant, c’est de mettre vos tripes sur la table et ça demande parfois une certaines abnégation.
CITATIONS ET HISTOIRE DE DJANGO LE MAGNIFIQUE
Alors je voudrais te citer quelques citations que j’ai trouvé dans le mémoire de cette dame, Céline Demortain qui a fait un gros gros travail.
«Le jazz m’attira parce que je trouvais en lui la perfection de la forme et la précision que j’admirais dans la musique classique, et qui manque dans la musique populaire en général.»
[Django Reinhardt]
«C’est avec une ténacité peu commune que le manouche s’efforça, jour après jour, au prix de grandes souffrances, de recouvrer l’usage de ses doigts».
Privé de la mobilité de son annulaire et de son auriculaire, recroquevillés sur eux- mêmes, il développe des compensations à ses doigts figés, acquiert une nouvelle dextérité malgré la brûlure pernicieuse qui cicatrise lentement. Les séquelles lui rendant le jeu traditionnel impossible, Django développe une technique unique qui soumet à la guitare des doigtés exploitant toutes les ressources que peuvent offrir un pouce, un index et un majeur valides. Son handicap l’amène à explorer de nouvelles harmonies.
De retour sur le devant de la scène en 1930, Django s’applique à ce que sa main paraisse normale et naturelle. Il s’ingénie à faire preuve de dextérité, s’intéresse à la serrurerie, au maquettisme, à la peinture, au billard et aux jeux d’adresse, toutefois sans la mettre en avant ni l’exhiber, la cachant même certaines fois. «Jamais il n’en parle, jamais il ne se plaint.» [Stéphane Grappelli]
Ensuite il y a toute une partie sur l’anatomie de la main, la neurologie, les différents niveaux de brûlure et leur conséquences, la cicatrisation, les traitements.
Il est souvent écrit que Django a été grièvement brûlé lors de l’accident de la verdine, «du genou au flanc» et que sa main était brûlée «jusqu’à l’os». La vérité est probablement une brûlure de 7 à 15% de la surface corporelle totale aux vues de ses séquelles.
Il conservera tous les mouvements du poignet, la prono-supination et l’écartement des doigts. Cependant, Stéphane Grappelli, avec qui Django fera de nombreuses tournées, rapporte une main qui «suppure et suinte de temps en temps, elle a l’air douloureuse,… limitant le jeux». Les Paul, guitariste américain, décrit des problèmes cutanés au dos de la main, une plaie réouverte qui nécessite l’application d’une poudre cicatrisante tous les jours après-guerre. Ironie du sort, c’est bien la main qui n’a jamais vraiment guérie…
Quant aux lésions du membre inférieur, considérées dès le début comme bien plus préoccupantes que celles de la main, elles ont semble-t-il cicatrisées correctement, sans qu’aucune boiterie à la marche, ni la moindre douleur ou plainte fonctionnelle ne soient rapportée par la suite. Dans ses mémoires, Stéphane Grappelli ne fait aucune allusion à une quelconque difficulté à la marche de son compère.
Dans le cas de Django Reinhardt, les lésions ont été lavées et cautérisées au nitrate d’argent, ce qui par la suite a laissé des séquelles fonctionnelles : cicatrice en étoile, raideur et ankylose.
La profession de masseur-kinésithérapeute n’existait pas à l’époque de Django Reinhardt. Ce dernier a vite compris l’intérêt de la mobilisation précoce, la persévérance et la patience dont il a fait preuve ont été ses meilleurs alliées.
«J’avais sans conteste un génie de la guitare à côté de moi. Alors quand je jouais sur ma guitare, je n’arrêtais pas de regarder sa main […] Il jouait avec seulement deux doigts mais il pouvait faire des choses que personne d’autre n’arrivait à faire. Imaginez si il avait eu quatre doigts ! J’aurais abandonné la guitare ! Alors je le regardais et j’essayais de faire comme lui, de jouer les mêmes accords. Le premier soir, il l’a vu et il y tenait à ses accords alors il m’a mis de l’autre côté, pour que je ne puisse plus voir sa main gauche. Mais j’ai quand même essayé de lui en piquer quelques uns, j’en mémorisais un et je passais la nuit suivante à le travailler pour retrouver ce son si particulier. Le jour suivant, je ressortais fièrement l’accord devant lui, il me regardait surpris en disant : «Hey !» Du coup je crois qu’il m’aimait bien !»
[Henri Salvador]
Django serrait le manche de ses guitares très fort : «les sillets sur le manche étaient creusés par l’érosion tant il appuyait fortement. A mon avis voilà le secret de sa superbe sonorité. Même ses deux doigts atrophiés lui servaient. Il posait l’auriculaire sur le mi et l’annulaire sur le si […] Il ne manquait jamais une note, sa précision était diabolique.» [Stéphane Grappelli] La grande hauteur de ses cordes rendait difficile, voire impossible, le jeu sur sa guitare par d’autres guitaristes. Django était, et voulait être, en tous points inimitable !
«Tu comprends, avec mes trois doigts, j’ai été obligé de réinventer tous mes accords et je ne supporte pas qu’on vienne me piquer mes petits trucs. Ils n’ont qu’à faire comme moi et chercher. Eux, ils ont cinq doigts, c’est plus facile. Si j’avais gardé toute ma main, je jouerais dix fois mieux. J’ai plein d’accords dans ma tête que plus jamais je ne pourrai faire. Mais finalement, je me console en me disant que ce pépin m’a obligé à être plus mélodique et à jouer plus en soliste qu’en accompagnateur».
[Django Reinhardt]
Alix Combelle (saxophoniste, clarinettiste) raconte Django, Coleman Hawkins, Bill Colemans et Benny Carter s’affrontant sur «I can’t dance», un morceau difficile : «Ils s’ amusèrent à le jouer dans les tonalités les plus différentes. Et je me souviens fort bien que le premier qui abandonna fut Bill Coleman. Après Bill, ce fut Hawkins. Benny joua dans presque tous les tons avec cette désinvolture qu’on lui connaît, sans jamais caler. Mais Django jouait indifféremment dans n’importe quelle tonalité, sans qu’on puisse jamais le prendre en défaut. Il était vraiment imbattable.»
Django possède son jazz, aux fins de phrases plus longues, différent du jazz américain. Duke Ellington, en 1939, lui déclare après l’avoir entendu jouer : «J’aimerais jouer avec vous». Ce à quoi Django répond simplement: «Moi aussi, mon frère».
Django refusera toujours de jouer dans des cabarets pour les nazis et est épargné en partie pour sa
musique.Dans Paris occupé, le swing devient le mot d’ordre d’une jeunesse avide d’oublier les heures noires qu’elle traverse. Le jazz français connait un âge d’or dont Django est la figure la plus emblématique.
Après la guerre, Django rêve de renouveau. Il part en Amérique pour une tournée organisée avec Duke Ellington en 1946. Fort de son succès et de sa renommée en Europe, Django se considère comme la «guest-star» de Duke, il part même sans sa guitare mais rien ne se passe comme prévu outre-atlantique : il n’aura à sa disposition qu’une guitare électrique et ne joue qu’à la fin des concerts de Duke. Ce dernier ne compose pas pour lui, Django ne sachant pas lire la musique ni parler la langue. La critique américaine ne lui pardonne pas ses retards répétés, sa désinvolture et son refus des «bis».
Frustré, isolé de sa famille qui lui manque, Django rentre en France fin 1946, déçu. Il peine à y retrouver sa notoriété des années de guerre et se retire au sein de la communauté manouche dans une caravane en 1947
Installé en 1950 à Samois-sur-Seine, Django ne joue plus que de temps en temps. Il peint, pêche, bricole, joue au billard et se consacre à son fils Babik.
Ensuite il a eu sa période Bebop
Django Reinhardt décède brutalement le 16 mai 1953.
L’histoire raconte qu’en rentrant à pied d’un concert de Paris à Samois, arrivant au petit matin, il s’installe à la table de son café favori, passe commande puis s’effondre, victime d’une hémorragie cérébrale. Il avait 43 ans.
Elle est tellement touchante cette histoire, c’est romanesque !
POÈME HOMMAGE DE EMILE SAVITRY
Poème hommage de Emile Savitry [Archives familiales] :
« Lorsque ta mère te donne ce nom, Django, c’est pour elle comme le fragment syncopé d’un air tzigane, nul l’ayant entendu ne peut l’oublier. Il ne peut qu’être celui d’un musicien, d’un guitariste. Ton destin y est déjà tracé comme dans ta main que le Feu tente de te ravir. Le soir où nous nous rencontrons en 1930 dans un Toulon encore intact, je dois faire semblant d’avoir faim pour que tu acceptes le modeste sandwich dont tu as indiscutablement besoin car tu es trop fier pour demander une chose pareille. Je te dis alors que je possède une guitare, à toi qui n’en as pas, la tentation est trop forte, tu viens chez moi jouer et caresser cette merveille. Pour un temps l’Errant se fixe ; quelqu’un aime ta musique, te fait entendre pour la première fois Duke Ellington et Armstrong qui te font pleurer, du vrai jazz enfin, ne ferme pas la porte de la chambre qui contient ces trésors. Aussi tu me donnes ton amitié jusqu’au jour où… Hélas… La «Grande Vacherie» qui t’a raté enfant met le feu dans cette tête où chantaient sans le gêner les plus délicates mélodies du monde »
DISCIPLINE VS MOTIVATION
tout ça pour dire que la discipline est plus importante que la motivation. Si je me fie à ma motivation je suis sujet au changement . Par exemple avec ce défi, je teste ma discipline. Je ne me donne pas le choix. Je me fixe des objectifs et c’est la discipline qui me permet de les réaliser. Des fois je n’ai pas envie mais je le fait quand même car je pense à mon objectif. La question que je me pose souvent c’est: est-ce que ce que je suis en train de faire la tout de suite maintenant m’éloigne ou me rapproche de mon objectif à long terme ou à cours terme. En ce moment le soir, je passe des heures à relever et programmer des parties de contrebasse pour un futur projet. Qu’est-ce qui me permet d’avoir l’énergie de le faire ? Mon objectif, c’est tout. Si je ne le fais pas mon objectif ne se réalisera pas. Et toi quels sont tes objectifs?
LE PLAN DU PHOENIX
Maintenant qu’on a parlé du corps et du mental et qu’on a vu comment Django à la manière du Phoenix a ressuscité des flammes. Comment avec son esprit il a pu réapprendre, se renouveler et se réapprioprier son corps. Voyons ce que j’ai appelé par voie de conséquence le plan du Phoenix. Il n’est autre que son Burning Cm6 arpeggio sur Blues en mineur. Je sais, je fais des incursions anglaise à la Jean Claude Van Damme et j’aime bien 🙂
COMMENT JOUER CE PLAN
Rien de neuf sous le soleil, tu vas devoir le décomposer en petites cellules afin de recréer le sempiternel duo circuit neuronaux-mémoire musculaire. Pour tout te dire j’ai travaillé le plan hier donc je ne l’ai pas encore dans les doigts comme on dit. Jette un oeil sur la vidéo YT pour quelques exemples 😉
CONCLUSION
Django nous met encore face à sa créativité exceptionnelle. C’est d’autant plus touchant quand tu sais qu’il est presque littéralement revenu de l’enfer. Tous mes hommages et tout mon respect a ce grand homme 🙏
A demain
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